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Haute-Savoie Tensions avec les gens du voyage

Plusieurs dizaines d’agriculteurs et d’élus de la Haute-Savoie ont manifesté mardi soir pour dénoncer la recrudescence d’installations illégales de campements de gens du voyage sur des terrains communaux ou agricoles et l’impuissance des pouvoirs publics.

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Les agriculteurs venus avec leurs tracteurs et des remorques de fumier, les élus avec leurs écharpes tricolores ont dressé des barrages filtrants sur plusieurs routes fréquentées pour distribuer des tracts appelant la population à écrire au préfet.

« Quand les gens du voyage s’installent, on perd des récoltes de fourrage dont on aura besoin pour l’hiver et quand ils partent, les terrains sont anéantis. On doit parfois ressemer des prairies naturelles ! », a déploré Loïc Detruche, président des Jeunes Agriculteurs (JA) de la Haute-Savoie, qui parle d’une situation « très tendue ». « Le cirque, c’est tous les ans mais cette année, c’est monté en puissance », a regretté cet éleveur de vaches laitières et producteur de céréales dans un village à la frontière suisse tout près de Genève.

Selon les chiffres de la préfecture, 56 demandes d’expulsion ont été faites lors du premier trimestre de 2017 contre 36 l’an passé. Un même groupe de familles concentre 40 % de ces mises en demeure. Selon les JA, 20 nouvelles demandes auraient été adressées au préfet depuis le début de juillet. « Il faut qu’on ait les moyens légaux pour les expulser rapidement », a insisté Loïc Detruche.

Une proposition de loi a été déposée

Le sénateur de la Haute-Savoie Loïc Hervé (UDI) a déposé mardi une proposition de loi « visant à renforcer et rendre plus effectives les sanctions en cas d’installations illégales en réunion sur un terrain public ou privé ». Car « la pression monte violemment », a-t-il confié. Cette nouvelle loi permettrait, entre autres, de punir d’une amende recouvrable immédiatement toute installation illicite, de graduer la sanction en cas de récidive, de pouvoir immobiliser les véhicules plutôt que de les saisir, selon le texte dont l’AFP a eu connaissance.

Une réunion était prévue au ministère de l’Intérieur aujourd’hui avec les parlementaires locaux. La situation exaspère d’autant plus les élus que des aires d’accueil pour les gens du voyage ont été construites. « On a investi 9,5 millions d’euros depuis 10 ans et ça n’a pas été facile de convaincre les élus et les habitants », a rappelé Astrid Baud-Roche, présidente du Syndicat d’accueil des gens du voyage (Symagev), entité intercommunale pour les 62 communes du Chablais.

Alors les installations des caravanes sur les stades font grincer des dents, car elles abîment les pelouses et empêchent les jeunes d’y jouer. Le « danger » est qu’une situation « dégénère », s’est inquiétée Mme Baud-Roche, citant en exemple un agriculteur « excédé » qui a déversé du lisier lundi sur des voitures. Des menaces ont été proférées en retour, et les gendarmes ont dû être déployés pour calmer les esprits.

AFP

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